Les Céramiques de Tasciaca

C'est la céramique dite "commune" qui caractérise la production des potiers de Tasciaca. Il s'agit, en fait, de vaisselle de terre cuite courante, utilisée dans la vie de tous les jours. A ce titre, elle est intéressante parce qu'elle est le reflet, le témoignage d'un mode de vie de l'époque. Bien qu'elle ne soit pas dénuée d'intérêt artistique, ce n'est pas le "bel objet" recherché que l'on voyait naguère dans les vitrines des collectionneurs.

 

Nos potiers de Tasciaca fabriquaient donc plats, assiettes, écuelles, vases, pots à cuire, marmites, jattes, cruches, pichets, urnes (parfois à usage funéraire), amphores, mortiers, dolia, etc ... de toutes formes et de toutes dimensions, avec aussi une certaine recherche dans l'aspect, la couleur, le grain de surface ou le décor.

Contrairement aux céramiques sigillées, les céramiques communes de Tasciaca ne comportent pas de décors figuratifs, ni de signes ou d'estampilles de potiers.

 

Céramiques du musée de Tasciaca
Céramiques du musée de Tasciaca

Au cours des fouilles effectuées dans la zone des fours, ou bien au cours de ramassages fortuits sur le territoire de Thésée, de nombreux tessons de céramiques sigillées ont été aussi découverts. On a retrouvé l'origine de ces céramiques : elles venaient principalement d'ateliers connus de Gaule Méridionale (La Graufesenque, Banassac) et de Gaule Centrale (Lezoux).

 

Les céramiques sigillées sont caractérisées par leur couleur rouge, leur surface généralement lisse, dure et imperméable. La majorité d'entre elles porte une estampille (sigillum = sceau, poinçon) permettant d'identifier leur provenance. Elles sont remarquables aussi par leurs décors et la variété des motifs s'inspirant de la mythologie, de scènes de guerre, de combats de gladiateurs, d'animaux exotiques, de végétaux ...

Des tessons de céramique d'importation différentes des céramiques sigillées ont également été trouvés. Ils nous montrent l'extraordinaire importance des échanges commerciaux dans toute la Gaule au début de notre ère.

 

 

L'aire des fours de potiers

L'aire des fours de potier située sur une petite surélévation dans le Val, en bordure du Cher, face à Thésée, a fait l'objet il y a une trentaine d'années, d'intéressantes fouilles archéologiques.

 

Ces fouilles ont révélé l'existence, ici même, au cours des IIème et IIIème siècles de notre ère, d'un important centre de production de céramiques. On y a identifié une vingtaine de fours de potier.

Schéma d'un four de Tasciaca
Schéma d'un four de Tasciaca

Chaque four pouvait "cuire" en moyenne, une centaine d'objets : vases, pots, plats, cruches et même amphores à vin.

 

On imagine la quantité énorme de pièces produites si l'on sait que la production de ces ateliers a duré de 100 à 150 ans, peut-être même jusqu'aux troubles de la fin du IIIème siècle.

 

Le lieu était particulièrement bien choisi : un banc d'argile sur place dans les alluvions du Cher, de l'eau et le bois des coteaux pour la chauffe des fours.

 

Ce n'est évidemment pas la consommation locale qui aurait pu absorber une telle production !

C'est bien sûr la rivière Cher, avec une "flotte" de bateaux à fond plat, qui a pu en permettre la diffusion, relayée par la Loire et ses affluents. La voie romaine de la rive droite d'Avaricum (Bourges) à Caesarodonum (Tours) y a également participé, mais il n'était pas fréquent à l'époque, d'utiliser des voies terrestres pour des produits encombrants et de faible valeur.

Pour le moment, on pense que les points extrêmes de diffusion de cette production étaient probablement distants de 3 à 400 km, peut-être plus encore.

 

Céramiques exportées de Tasciaca :

1 - Jublains

2 - Rézé

3 - Angers

4 - Mazières en Mauges

5 - Bourges

6 - Argenton sur Creuse

7 - Limousin - Vallée de la Creuse

8 - Néris

Céramiques importées sur le site de Tasciaca :

 9 - Lezoux

10 - Montans

11 - La Graufesenque

12 - Jaulges-Villiers-Villeneux

13 - Geugnon

14 - Lyon

 

Aujourd'hui, on ne peut plus voir les vestiges de ces fours.

Si l'on a pu aménager et protéger les ruines du Fanum, ceci n'était pas concevable pour les fours : les laisser à l'air libre aurait conduit à leur disparition irrémédiable, à cause des agressions climatiques ou autres, et aussi à cause des crues du Cher .

La seule solution pour les conserver était de les enterrer de nouveau après les avoir étudiés.

Réplique du four
Réplique du four

Pour en conserver la mémoire, une "réplique" aussi fidèle que possible, compte tenu de nos connaissances avait été réalisée. Ce four expérimental nous a permis de cuire quelques dizaines de petites poteries ... hélas loin d'être aussi belles que leurs modèles de Tasciaca !

Malheureusement ce four est aujourd'hui en ruines.